Chers concitoyens, chères concitoyennes,
Frantz Fanon a écrit que « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » Aujourd’hui, nous sommes à un tournant de notre histoire, confrontés à une instabilité politique inquiétante et à la montée de discours extrémistes qui remettent en question les droits durement acquis des dits d’Outre-mer. Dans un contexte où certains tentent de raviver des visions coloniales révolues, il est de notre devoir de nous opposer fermement à ces régressions.
Nous ne pouvons pas permettre que les sacrifices de nos aînés et les progrès réalisés au fil des années soient effacés par des idéologies rétrogrades. Il est impératif que nous prenions en main notre avenir et que nous nous opposions sans relâche à toute tentative de diviser notre société.
Ces derniers mois en résumé
1. Nos centenaires, nos racines oubliées
J’ai remis la médaille de l’Assemblée à nos doyens. Une joie immense, mais aussi un constat douloureux : l’isolement.
Ces femmes et ces hommes sont nos racines, nos mémoires vivantes. Célébrer leur vie signifie refuser que le silence et l’abandon deviennent leur quotidien. Nous leur devons présence, écoute et dignité.
2. Une éducation de qualité pour nos élèves
L’éducation est une priorité absolue. Aux côtés des enseignants et des parents mobilisés au lycée de Morne-à-l’Eau et à Sainte-Anne, j’ai échangé avec les syndicats et la rectrice afin de demander un moratoire sur les fermetures de classes. La baisse des effectifs ne doit pas détériorer l’offre éducative.
Grâce aux mobilisations des 20 et 25 mars et à l’engagement de chacun, treize suppressions de postes ont été annulées : six en collège, quatre en lycée et trois dans le premier degré. Les lauréats du concours pourront désormais effectuer leur année de stage en Guadeloupe. Ces résultats sont encourageants, mais nous restons mobilisés en attendant la venue du ministre en mai.
3. Justice à deux vitesses
Le 19 mars, j’ai organisé à l’Assemblée nationale une rencontre avec la famille de Claude Jean-Pierre, décédé après un contrôle de police, en présence de députés GDR, LFI et LIOT. Une tribune a été rédigée pour exiger un procès. Dans le cadre de la délégation aux Outre-mer, j’ai interpellé Manuel Valls. Sa seule réponse fut de réitérer son soutien aux gendarmes. Cela est inacceptable.
Il existe une question de fond sur l’application de la justice dans nos territoires. Je combats ce deux poids, deux mesures et je soutiens pleinement la proposition de résolution portée par mon collègue guyanais Davy Rimane.
Par ailleurs, avec le CFOMM, nous travaillons sur une proposition de loi afin de faire de l’inceste un crime à part entière.
4. Propriété et transmission, préserver nos foyers
La division des foyers et l’indivision fragilisent familles et patrimoine. Notre rapport à la terre est traversé par des mémoires blessées et des héritages pluriels. Cette diversité doit devenir une force.
Je travaille avec le jeune Marie-Galantais Charles Nébot, spécialiste de la gestion du patrimoine, afin de proposer des solutions législatives concrètes pour structurer la propriété et assurer la justice successorale. Je félicite son agence AUPREA, lauréate du prix Les Pépites RCI en innovation et transformation digitale.
5. Groupe d’amitié France Bénin, renouer les liens
En tant que président du groupe d’amitié France Bénin, j’ai échangé avec Son Excellence Corine Brunet, ambassadrice du Bénin en France, ainsi qu’avec une délégation en mission sur la coopération financière et budgétaire.
Ces échanges confirment une conviction simple : nos relations ne peuvent plus reposer sur des schémas asymétriques. Retisser les liens entre France et Bénin, c’est aussi renouer une mémoire entre Guadeloupe et Bénin. Il s’agit d’égalité, de dignité et de réciprocité.
6. Lutter contre la vie chère
En tant que rapporteur du budget Outre-mer, j’ai auditionné les grands groupes pour analyser la formation des prix. Une loi a été votée à l’unanimité afin d’encadrer les marges et les loyers.
En parallèle, je passe la LODEOM au crible. L’efficacité des aides et les abus éventuels sont examinés avec rigueur. La lutte continue.
7. Parce qu’on vient de loin, récits d’exil et miroir d’identité
Le 26 mars, à l’Assemblée nationale, j’ai projeté le documentaire de Cédrick-Isham Calvados, photographe guadeloupéen publié dans le New York Times. Ce film présenté par Zebra Story avec la participation de France Télévisions suit les trajectoires de cinq ultramarins installés en Île-de-France.
Ces voix racontent le déracinement, la quête d’appartenance et l’identité recomposée. Être ultramarin, c’est chercher sa place dans un pays qui tarde à reconnaître notre histoire. Raconter, c’est résister.
8. Crise démocratique
Depuis la dissolution de juin 2024, la Cinquième République révèle ses limites : un président sans majorité, une Assemblée entravée, un suffrage méprisé. Pendant ce temps, les Outre-mer sont effacés du débat. Nous refusons d’être des figurants. Il est temps de rendre la voix à nos territoires.
Focus, enquêtes et combats
LODEOM, un outil à défendre et à améliorer
Dans le cadre de mes fonctions de rapporteur spécial des crédits de la mission Outre-mer à la commission des finances, je mène une mission de contrôle sur les dispositifs d’exonération de cotisations sociales spécifiques, dits LODEOM. Objectif : évaluer leur contribution réelle au développement économique et à l’emploi local.
En Guyane, les acteurs économiques ont été clairs. Supprimer la LODEOM fragiliserait l’emploi formel et encouragerait l’informel. La LODEOM n’est pas un privilège, c’est un rééquilibrage. Elle doit être simplifiée, mieux contrôlée et ciblée, mais jamais supprimée.
En Guadeloupe, des visites de terrain ont permis de mesurer son impact auprès d’entreprises comme Top Caraïbes. Environ douze mille entreprises sont concernées. Mon rapport proposera transparence, lutte contre les abus et lisibilité renforcée.
Statut de la Guadeloupe, ouvrir un débat sincère
Au Congrès des élus, j’ai rappelé que l’article 73 applique une logique d’uniformité qui ne répond plus à nos réalités. L’autonomie n’est pas un mot magique. Elle a du sens si elle s’appuie sur un projet de société clair, viable fiscalement et co-construit avec la population.
Ma tribune développe cette exigence de méthode. L’Europe doit être un levier et non un carcan. Le succès dépendra de la cohérence du projet, de la qualité de la méthode et de l’adhésion collective.
Inceste, vers une loi de vérité et de protection
J’ai interpellé le gouvernement afin que l’inceste soit reconnu comme un crime autonome. Actuellement, il n’est qu’une circonstance aggravante. Dans les Outre-mer, cette lacune est dramatique car elle s’ajoute à un triple mur : tabou culturel, isolement géographique et manque de dispositifs adaptés.
Pour enrichir ce combat, j’ai organisé une audition à l’Assemblée nationale réunissant associations, collectifs ultramarins et professionnels de santé. L’objectif était clair : identifier les failles juridiques et structurelles, proposer des mesures concrètes et préparer une loi protectrice. À l’issue de ces échanges, je poursuis la rédaction d’une proposition de loi transpartisane qui visera la création d’un crime d’inceste imprescriptible, la suspension automatique de l’autorité parentale en cas de signalement crédible et un meilleur maillage de la prise en charge psychologique.
Érosion du littoral, urgence invisible et menace réelle
Avec l’appui d’un groupe de travail, j’ai engagé une démarche afin que le prochain projet de loi de finances mobilise des crédits dédiés à la lutte contre l’érosion du trait de côte. Des zones entières sont menacées en Guadeloupe.
Ce combat ne peut être mené à l’échelle communale. Il exige une stratégie régionale, un soutien de l’État et une reconnaissance de la vulnérabilité des Régions ultrapériphériques au niveau européen. L’Outre-mer est en première ligne face au changement climatique. Les moyens doivent être à la hauteur.
Sécurité aux Antilles
J’ai demandé au préfet l’organisation d’un sommet territorial sur l’insécurité. Cette rencontre devra réunir tous les acteurs concernés pour établir un diagnostic partagé, définir des réponses concrètes et assurer un suivi exigeant.
À venir on mettra dans le mois de septembre
La situation politique nationale complique le travail parlementaire. Nous poursuivons cependant la rédaction de la proposition de loi sur l’inceste et la protection des mères protectrices. J’ai rejoint une coalition de parlementaires interpellés par plus de cent organisations féministes pour une loi intégrale contre les violences sexistes et sexuelles. Une publication est envisagée à l’automne.
Me contacter et me suivre
Christian BAPTISTE
Député de la Guadeloupe
Courriel : christian.baptiste@assemblee-nationale.fr
Collaborateurs
Paris : marie-elie.grandbois@clb-an.fr et philippe.philidor@clb-an.fr
Circonscription : jacob.ambrosio@clb-an.fr
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